De la Bretagne au Burkina Faso

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ARPOM, l’association d’Aide aux ruraux des pays d’outre-mer, s’engage pour l’eau dans le monde avec le soutien de l’Agence de l’eau Loire Bretagne, de la Commune de Plougastel et de Brest métropole. Elle mène notamment des actions autour de l’accès à l’eau et la gouvernance de l’eau au Burkina Faso, dans la région du Sanguié.

3 questions à Dominique Le Du

Membre du comité de l’association en charge du projet de coopération avec le Burkina Faso région du Sanguié.

 

Quelle est la nature de l’engagement de l’association pour l’accès à l'eau ?

« Le lien avec la région du Sanguié au Burkina Faso, c’est une histoire de hasard de la vie. À la base un prêtre de Plougastel a réalisé une mission dans cette région… depuis les liens ont bien grandi.

Aujourd’hui ARPOM est une association assez multiforme qui entretient de nombreux liens avec la région du Sanguié. Nous travaillons sur plusieurs axes :

  • Augmenter le niveau de scolarité des jeunes burkinabè grâce à un système de parrainage financier. Notre réseau compte aujourd’hui environ 100 parrains et marraines.
  • Développer des micro-projets de développement durable en soutenant des actions locales : installation de panneaux photovoltaïques, mise en place d’un jardin dans une école, implantation d’un moulin à mil géré par une coopérative de femmes…
  • Accompagner les actions autour de l’accès à l’eau, à l’assainissement et à la gouvernance de l’eau.

L’association compte une quinzaine de membres, qui réalisent une mission par an d’environ 15 jours. Sur la question de l’eau, l’action a débutée en 2011. La problématique de départ était la suivante : les fortes précipitations lors de la saison des pluies saturent les puits et créent des problèmes sanitaires, des risques d’épidémies notamment.

Nous avons mené un premier projet de 2012 à 2015, d’une envergure prudente mais réaliste : la création de 4 forages d’eau potable. Ce premier projet fut le point de départ de notre action autour de l’eau et en quelque sorte un laboratoire pour comprendre le fonctionnement d’une telle coopération. Dès le départ, je souhaitais plus que tout mettre les villageois au cœur du dispositif.

De 2015 à 2019 nous avons mené un second projet qui mixait l’implantation de forages neufs quand cela s’avérait nécessaire, et la réhabilitation des forages hors d’usage sur place. La réhabilitation se faisait sous conditions de la création d’un comité d’usager et de l’ouverture d’un compte par les futurs usagers. L’idée est bien de s’assurer de l’engagement des populations concernées. En effet, tout ce qui est implanté sans discussion préalable ne tient pas. Les modes de redevances et de maintenance doivent être déterminés avant.

C’est un vrai travail de changement d’état d’esprit vis à vis de la ressource en eau. L’accès à l’eau devient un service ce qui implique un système de redevance et une maintenance, c’est un grand changement pour la région. On peut faire des choses rapides sur la réalisation d’ouvrage, mais cela ne sert à rien si la population locale n’adhère pas au projet dès le départ. Le plus long c’est le changement des mentalités.

Sur place, j’ai été marqué par le nombre d’ouvrages abandonnés et hors d’usage. Résultats d’actions sans véritable suivi… C’est pour cela qu’il faut absolument s’engager dans un partenariat durable : la notion de coopération est essentielle. Pour mener à bien nos actions, nous avons signé des conventions avec les communes. Nous réalisons les ouvrages, les communes locales sensibilisent la population, constituent des comités de gestion sur place, mettent en place le système de redevance. C’est vraiment une coopération et non pas une action à sens unique.»

Quel est le souvenir le plus marquant de cet engagement ?

« Dès mon premier voyage, j’ai pu constater la très grande ruralité de cette zone, composée de villages de brousse… Ce qui m’a frappé c’est de voir les longs cortèges de femmes marchant des kilomètres pour aller chercher de l’eau. C’est une image devant laquelle on ne peut pas rester insensible. Les femmes sont à la tâche toute la journée, elles sont vraiment réduites à la fonction de main d’œuvre.

Ces femmes, dont j’entends encore les chants de remerciement, sont précieuses pour notre action. Au départ, nous avions l’écoute et l’adhésion des maires, des chefs de villages, des usagers mais les choses ne bougeaient pas réellement. C’est quand nous avons commencé à intégrer les femmes dans les comités d’usagers de l’eau que nous sommes passé de la parole aux actes. Finalement, nous avons imposé la présence des femmes à 50% dans les comités d’usagers. Ce fut un combat difficile mais essentiel. »

 

burkina faso
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Quels sont les bénéfices de vos actions, sur place et ici ?

« Nos actions ont permis l’accès à l’eau et à l’assainissement de nombreuses personnes. Grâce à cela, nous avons contribué à améliorer les conditions de vie des femmes tout en leur donnant un rôle à jouer dans la gestion locale de l’eau.

Aujourd’hui, nous souhaitons aller au-delà de la mise en place d’ouvrages et appuyer encore plus ce changement de mentalités autour de l’eau. Nous travaillons actuellement sur un troisième projet, avec l’une des communes où la coopération fonctionne bien depuis le départ. Notre objectif est cette fois-ci plus ambitieux, il s’agit de donner véritablement la gouvernance de l’eau à la commune, de permettre à la commune de véritablement gérer la ressource en eau sur son propre territoire.

Depuis 2009, les communes ont héritées de cette compétence eau, mais dans les faits tout reste à faire. Nous sommes convaincus qu’en aidant les communes locales à gérer efficacement cette compétence, la question de l’accès à l’eau, à l’assainissement et de la préservation de cette ressource sera en partie solutionnée. Humilité et persévérance sont les maitres mots de l’action.

Nous espérons que ce projet donnera envie aux communes voisines de prendre véritablement en main cette compétence afin de gérer et préserver cette ressource si précieuse pour les villages ruraux. »

burkina faso
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