Réduire la présence des micropolluants, quel travail avec les entreprises ?
Presque toutes nos activités économiques ou domestiques ont un impact sur l’eau et les milieux aquatiques. Nous prélevons de l’eau et celle que nous rejetons est modifiée par l’utilisation que nous en avons faite. Pour préserver l’environnement vivant qui nous entoure et pour notre santé qui en dépend, des milliers de femmes et d’hommes travaillent chaque jour pour limiter ces modifications, notamment en réduisant ces rejets et en les traitant : c’est la lutte contre la pollution.
Selon l’origine et la nature de la pollution, le travail n’est pas le même. Ce mois-ci En Immersion se penche sur les polluants toxiques, aussi appelés micropolluants, et sur le travail mené avec les industriels, PME/PMi et artisans.
Micropolluants : petits mais costauds
Un micropolluant est une substance indésirable qui, même à de très faibles doses, a un effet négatif sur l’environnement et les organismes vivants. Sa présence est au moins en partie due à l’activité humaine (procédés industriels, pratiques agricoles ou activités quotidiennes).
Perturbateurs endocriniens, cancérigènes, mutagènes, entraînant des troubles de comportement, du développement ou de la reproduction… la toxicité des micropolluants prend différentes formes.
- Elle menace la santé de l’homme : eau potable, eaux de baignade, consommation d’aliments contaminés…
- Elle est destructrice pour les milieux naturels, les végétaux et animaux dont la vie dépend de la ressource en eau : surmortalité, mutations génétiques, modification dans organismes…
Exemple : on a constaté sur les poissons des ulcérations sur la peau, des changements de sexe…
Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ?
Plus de 110 000 molécules présentant des propriétés chimiques différentes sont recensées par la réglementation européenne.
- Les métaux lourds : métallurgie, industrie automobile, transports
- Les polluants organiques : industrie chimique, fabrication et rinçage des peintures, production de plastiques, agents de nettoyage
- Les pesticides : fabrication des engrais, production agricole, usages domestiques
- Les hydrocarbures : combustion pour la production de chaleur dans les usines, solvants utilisés dans divers process industriels, transports
- Les résidus médicamenteux : usages domestiques, hospitaliers, vétérinaires
Les produits et les sources de pollution sont diverses. L’action est donc différente.
Actions et résultats auprès des activités industrielles et artisanales
De la grosse usine de production à la PME, jusqu’à l’artisan, de nombreuses activités rejettent des micropolluants. Les stations d’épuration, sur le site industriel ou celle de la commune, les éliminent en grande partie, mais pas en totalité. Il est essentiel de suivre et de réduire les rejets. Ces améliorations peuvent passer par des innovations et un travail sur les processus de production.
La lutte est en cours !
En 2012, la campagne nationale de mesure au niveau des rejets des industries, RSDE : Recherche de Substances Dangereuses dans l’Eau a permis de :
- rationaliser le dispositif national de surveillance et d’évaluation des risques,
- consolider le réseau de surveillance et le cadre réglementaire,
- normaliser des méthodes analytiques,
- définir des seuils pour de nouvelles molécules,
- faire des bilans de contamination environnementale…
Aujourd’hui il existe 5 700 points de surveillance de l’eau en France. Près de 350 000 analyses sont effectuées par an (toutes analyses confondues).
Depuis 10 ans, entre -40 et -80% de métaux toxiques* rejetés dans les cours d’eau en France selon les territoires.
Entre 2013 et 2018, 80 tonnes de polluants toxiques* rejetés en moins dans les sols et cours d’eau grâce aux progrès réalisés dans l’industrie et l’artisanat.
Concrètement, que fait-on ?
Près de 390 millions d’euros ont été consacrés à la lutte contre les pollutions toxiques industrielle par les agences de l’eau entre 2013 et 2018.
Sur tout le territoire, plus de 6 500 projets en lien avec la réduction voire la suppression des micropolluants toxiques ont été financés et menés avec les acteurs économiques en France entre 2013 et 2018.
Les agences de l’eau accompagnent les industriels et les entreprises vers la réduction des pollutions toxiques. Elles sensibilisent ces acteurs, financent et accompagnent les mesures, les études, les travaux et l’innovation en lien avec l’amélioration du traitement de leurs rejets et l’optimisation des processus de production.
Surveiller les milieux naturels et les réseaux
- Auto surveillance encadrée : l’industriel est responsable du contrôle de la qualité de ses rejets, suivant des modalités de surveillance définies par arrêté ministériel
- Mesure des micropolluants directement dans le milieu naturel (tous types de pollutions) : mesures directes (chimie) ou via leurs conséquences sur le vivant (bio-indicateur).
- Mesure des micropolluants en entrée et sortie des stations d’épuration des industriels et urbaines.
- Amélioration des connaissances et sensibilisation.
Accompagner les industriels
- Plan national de lutte contre les micropolluants
- Soutien financier au suivi de la présence de micropolluants dans les rejets (suivi réalisé par les industriels).
- Accompagnement à la réduction des pollutions toxiques :
- Avec les gros industriels : mise en place de stations d’épuration internes, mise en place de circuits fermés pour réutiliser l’eau après traitement, optimisation des processus de production.
- Avec les petites et moyennes entreprises : appels à projets, amélioration des processus de production, soutien aux investissements, diffusion de bonnes pratiques et sensibilisation aux équipements légers permettant de limiter la pollution.
* Selon l’indice METOX, mis au point par les agences de l’eau, qui permet le suivi des rejets des métaux lourds et le calcul de la redevance sur la pollution payée par les activités émettrices de polluants toxiques.