Continuité écologique : plongeon dans plusieurs exemples par bassin

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La station de vidéocomptage du Barrage de Sauveterre (10)

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La station de comptage est située sur le Rhône, au niveau du bras usine du Barrage de Sauveterre. Cet ouvrage CNR, localisé à l’amont du bras d’Avignon à environ à 100 km de la mer, est le deuxième obstacle rencontré par les poissons migrateurs depuis la mer après celui de Beaucaire. La passe à poissons et la station de vidéocomptage ont été mises en service en septembre 2017 et le dépouillement des fichiers vidéos est depuis lors assuré par l’association MRM.

Dispositif de franchissement

Le barrage (qui présente 10 m de dénivelé) est équipé en rive droite d’une passe constituée de 39 bassins à doubles fentes verticales de 40 et 45 cm de largeur et 25 cm de chute entre bassins. Le fond de la passe est rugueux pour permettre le franchissement par les espèces de fond, dont fait partie l’anguille. L’amont est composé de deux canaux d’amenée, d’environ 100 m de long.

La passe dispose de 4 entrées (qui s’ouvrent et se ferment en fonction du débit) situées au dessus de la restitution des turbines de l’usine. Elle voit transiter un débit global de 10 m³/s qui va être réparti de la façon suivante : 2 m³/s assurent l’alimentation en eau de la passe proprement dite, tandis que les 8 m³/s restant sont turbinés au niveau d’une petite centrale hydroélectrique, avant d’être restitués pour assurer un complément de débit, destiné à augmenter l’attrait de la passe. L’entrée hydraulique de la mini-centrale est protégée par une grille fine pour éviter de turbiner des poissons dévalant.

Station de comptage

Le site de Sauveterre dispose d’un système d’enregistrement et de visionnage de type SYSIPAP (Système de Surveillance Informatisé des Passes A Poissons) disposé à l’amont de la passe dans un canal se dédoublant en 2 passages équipés de 2 caméras. Le système enregistre le passage des poissons devant la vitre rétro-éclairée. Le logiciel de traitement vidéo détecte la présence d’un objet par contraste avec le fond blanc et par détection de mouvement, ce qui déclenche l’enregistrement et la sauvegarde de la séquence vidéo. Les fichiers sont ensuite récupérés et analysés par l’Association MRM, dont les opérateurs identifient les espèces et dénombrent les individus en cours de montaison ou de dévalaison).

Présentation du dispositif en vidéo :

Plus d’informations par ici.

Le saumon sur le Scorff aux quatre saisons (56)

Le printemps est la pleine période de dévalaison des jeunes saumons. À cette occasion, découvrez les suivis mis en place à Pont-Scorff chaque année depuis plus de 25 ans pour la connaissance scientifique du saumon atlantique !

Le retour prometteur du saumon atlantique dans l’Orne : 100 ans après !

Après 12 mois en rivière, son lieu de naissance, le saumon atlantique rejoint la mer où il part en zone de grossissement avant de remonter et de regagner sa rivière de naissance en avril-mai, pour se reproduire en décembre.

Depuis le début du XXème siècle, le saumon atlantique ne se montrait presque plus dans l’Orne, fleuve côtier normand le plus important avec un bassin de 3 000 km² et long de 175 km. La multiplication des barrages hydroélectriques et des moulins à eau pour exploiter le cours d’eau comme source d’énergie hydraulique a précipité son déclin. Avec un ouvrage tous les 1,5 km, la quasi-totalité de l’Orne était sous influence de leur retenue entraînant la disparition des radiers (habitats privilégiés de développement des juvéniles de saumons), et l’augmentation du réchauffement et de l’évaporation de l’eau.

Depuis cinq ans, plusieurs facteurs ont favorisé le retour du saumon en nombre et sa fréquentation a largement augmenté. La station de comptage, aménagée sur l’Orne à May-sur-Orne, a ainsi recensé 450 saumons en 2015 et 900 en 2016.

Ce retour prometteur du saumon dans l’Orne est le résultat de plusieurs actions menées par différents acteurs notamment les collectivités territoriales, la Fédération du Calvados pour la Pêche et la Protection des Milieux Aquatiques, les propriétaires d’ouvrages, l’association Seinenormigr et l’Office Français de la Biodiversité qui ont bénéficié de l’appui technique et financier de l’Agence de l’eau Seine-Normandie. Des travaux de restauration de la continuité écologique ont été entrepris sur l’Orne et ont concerné majoritairement la suppression d’obstacles, l’installation « de passes à poissons » et un rempoissonnement en alevins.

Si la population reste fragile, elle continue de croître. Ce qui témoigne d’un meilleur fonctionnement écologique de l’Orne. Tous les feux sont désormais au vert pour espérer un retour pérenne du saumon !

Réduire les impacts de l’hydroélectricité sur les grands salmonidés migrateurs, sur la Dordogne et la Maronne (24)

La Dordogne et son affluent la Maronne ont toujours été attractifs pour la reproduction des grands salmonidés migrateurs. À partir de la fin des années 90, du fait des activités hydroélectriques présentes sur ces cours d’eau, des frayères ont été mises hors-d’eau et des échouages d’alevins de saumon ont régulièrement été observés. 

L’établissement de bassin EPIDOR, l’Agence de l’eau Adour-Garonne et l’État ont alors alerté EDF ; des études ont été mises en œuvre pour réduire l’impact des éclusées hydroélectriques¹ sur la reproduction des saumons. Une convention renouvelable a été adoptée visant à réduire la fréquence, la rapidité et l’ampleur des éclusées pendant les périodes sensibles, à travers un calendrier des débits. Cette démarche et sa gouvernance ont permis aux partenaires d’agir par essais successifs, dans le respect et l’amélioration continue du cahier des charges des concessions. Ceci a conduit à l’enrichissement chaque année des connaissances, en termes de dispositions prises, visant à réduire l’impact des éclusées. D’importants travaux ont également été menés afin de réduire la vulnérabilité des sites, en limitant les exondations² et les piégeages. Ils se sont appuyés sur un suivi très fin de la reproduction des espèces piscicoles concernées et un tableau de bord dédié (frayères, recrutement, densités…). Avant la mise en place de ces conventions, jusqu’à 17% des frayères pouvaient être exondées. Depuis, le taux d’exondation n’a pas dépassé 5% (l’objectif étant de 6% maximum). 

Grâce aux efforts consentis et à la réduction de l’impact observée, l’hydro-électricien a pu bénéficier d’une remise partielle de redevance permise par la loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques. Ce résultat a été rendu possible par sa maîtrise quasi-intégrale des deux chaînes de barrages.

¹Les éclusées sont des variations artificielles, brutales et fréquentes des débits, liées à l’exploitation des barrages hydroélectriques. Les ouvrages alternent des phases de stockage d’eau dans les retenues, et des phases de déstockage pendant lesquelles les turbines sont mises en marche. Les éclusées engendrent de nombreuses perturbations, tant sur les milieux aquatiques que sur les usages de l’eau.

²L’exondation est le fait, pour une terre inondée, de sortir hors de l’eau. Pour une frayère, cela conduit à la mort des oeufs de poissons.

Sources : Agence de l’eau Adour-Garonne, EPIDOR.

Rétablir la continuité hydraulique et écologique à l’usine Saint-Michel : les travaux effectués sur le fleuve de la Somme (Amiens, 80)

Le barrage Saint-Michel est une ancienne usine hydraulique construite dans le lit mineur du fleuve Somme dans les années 1930, à Amiens. Elle est entrée en fonctionnement en 1936, avec pour usage exclusif l’alimentation en énergie hydraulique des pompes de refoulement de distribution d’eau potable pour la ville d’Amiens. Cette usine a été abandonnée dans les années 1980, faisant obstacle à l’écoulement des crues et des sédiments.

Une nécessité : rétablir la continuité écologique du fleuve Somme

La Somme est reconnue comme cours d’eau pour les grands poissons migrateurs amphihalins, qui vivent à la fois en rivière et dans la mer. On y trouve notamment des aloses, des anguilles, des saumons, des truites de mer et des lamproies marines. Ces espèces sont aujourd’hui, pour certaines, menacées de disparition.

L’usine Saint-Michel a été identifiée dès 2008 comme un point de blocage majeur pour la migration de ces poissons, notamment pour l’Anguille, actuellement en danger critique d’extinction. L’ouvrage figure dans le plan national « Anguilles » parmi les ouvrages du bassin Artois-Picardie à rendre franchissables pour cette espèce.

La suppression totale du bâtiment et du seuil n’était pas compatible, d’une part avec les usages locaux et d’autre part, avec la continuité écologique. En effet, la Somme à l’amont (appelée bras du Pendu dans l’agglomération) aurait vu son niveau d’eau baisser, et par conséquent le franchissement de son barrage moins fonctionnel. 

Les travaux

De ce fait, le bâtiment a été conservé et les travaux réalisés permettent à nouveau le passage de l’eau et des sédiments sous l’usine, avec un dispositif de vannage qui permet de maintenir une côte de retenue. Celle-ci est compatible avec les usages en amont, notamment dans le centre-ville d’Amiens, et avec la continuité piscicole vers le bras du Pendu, qui fait l’objet de travaux importants pour concilier ces objectifs hydraulique et écologique. L’obstacle situé en rive droite du fleuve, dans le lit du cours d’eau, a été aménagé avec une rampe dite à « macro-rugosités » facilitant le passage des espèces migratrices. Des plots disposés en pente douce diminuent l’énergie de la chute entre l’amont et l’aval du barrage, pour faciliter le passage des poissons.

La continuité hydraulique et écologique ainsi rétablie limite l’impact du barrage dans l’écoulement des crues et facilite le déplacement des poissons. Enfin, les berges environnantes du fleuve et du bras du Pendu seront restaurées et lorsque cela est possible, végétalisées.

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Montant de l’opération :

Près de 5 millions d’euros de travaux ont été engagés en faveur de la restauration de la continuité écologique de l’usine Saint Michel et de l’aménagement du Bras du Pendu. Ces actions permettront de rétablir l’état « écologique » du cours d’eau, le bien-être de la faune et la flore aquatique, et la présence à long terme de nos espèces migratrices. 

  • Travaux de restauration de la continuité écologique de l’usine Saint-Michel : 2 985 067 € 
  • Travaux d’aménagement du Bras du Pendu : 1 501 111€

Les travaux ont été réalisés en maitrise d’ouvrage directe et financés par l’Agence de l’eau Artois-Picardie. Ils bénéficient d’un financement du FEDER. 

D’autres travaux seront entrepris car le bassin versant de la Somme est un territoire au capital écologique exceptionnel, dont l’identité est forgée par la présence de l’eau et la diversité des milieux aquatiques.

Quels résultats ?

Alors que les pertes de biodiversité se confirment dans des proportions préoccupantes, le retour de l’alose, une espèce de poisson emblématique, a été observé. Ce retour est l’un des effets de l’ensemble des travaux de restauration de la continuité écologique engagés depuis 2007 sur le fleuve Somme et ses affluents.

La présence de cette espèce vulnérable, classée dans la liste rouge des espèces menacées, est un signal fort : il s’agit d’une espèce dite parapluie, la plus limitante du point de vue de la continuité écologique ; sa présence signifie que toutes les autres espèces migratrices sont en capacité de l’être également et que les travaux de rétablissement de la continuité écologique engagés ont parfaitement répondu aux besoins de la migration ! 

Plus d’informations par ici. 

La Moselotte et ses affluents font “peau neuve” : communauté de Communes des Hautes Vosges, Gérardmer (88)

La communauté de communes des Hautes Vosges a déployé un programme d’actions conséquent pour enrayer la détérioration quantitative et qualitative des ressources en eau.

La communauté de communes des Hautes Vosges regroupe 22 communes du massif vosgien et compte 37 000 habitants. Depuis sa création en 2017 par fusion de 3 communautés de communes, elle poursuit et développe des programmes de restauration des cours d’eau des bassins de la Moselotte et de la Vologne, engagés depuis une dizaine d’année par les collectivités précédentes.

Le programme de restauration de la Moselotte aval et de ses affluents a concerné 6 communes, 45 km de cours d’eau pour un montant de travaux de 1,3 million d’euros. L’objectif : stopper la détérioration qualitative et quantitative des cours d’eau, retrouver un état écologique de qualité et lutter contre les espèces végétales invasives. 4 programmes de restauration des cours d’eau ont été réalisés. 10 ouvrages hydrauliques abandonnés ont été effacés dans un souci de rétablissement de la continuité écologique mais aussi d’économie financière substantielle pour leur entretien.

Les résultats sont au rendez-vous. La qualité écologique est désormais « bonne ». Les populations piscicoles se sont nettement améliorées au profit de la truite fario, espèce phare de ces cours d’eau de montagne, grâce à la suppression des ouvrages qui a permis de reconnecter plusieurs dizaines de kilomètres de cours d’eau.

Habitants, acteurs du territoire et scolaires peuvent à présent profiter des aménagements et sentiers pédagogiques réalisés, et redécouvrir les cours d’eau en fond de vallée.

Source : Agence de l’eau Rhin-Meuse, Trophées de l’eau 2019.

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