Erquinghem Lys : une zone humide restaurée fait le bonheur des brochets et des oiseaux !
Dans le Nord de la France, sur la boucle d’Erquinghem-Lys, propriété de l’agence de l’eau Artois-Picardie, un plan de gestion a permis de définir des actions de restauration. La création d’une frayère à brochets et la remise en herbe de toute la partie nord de la boucle ont été bénéfiques pour la biodiversité.
Depuis quelques années, la population de brochets tend à diminuer du fait de la dégradation ou de la suppression des zones de reproduction et des obstacles sur les cours d’eau, rendant difficiles ses déplacements. La solution consiste donc à recréer un endroit propice à la reproduction, en aménageant une frayère. Dans la zone humide d’Erquinghem Lys, 9 000 m² de frayères permettent aux brochets de se reproduire et de circuler librement. Et les bienfaits ne s’arrêtent pas là, cette restauration a des effets positifs sur d’autres espèces de milieux humides (oiseaux d’eau, plantes aquatiques, insectes et batraciens…).
Deux mâles chanteurs Râle de genêts ont été entendus sur ce site… Bonne nouvelle, pour cette espèce qui en 50 ans a vu sa population diminuer de plus de 50% dans le monde. Dans les Hauts-de-France, dès les années 80, elle s’est fortement raréfiée. L’espèce est aujourd’hui considérée comme étant « en Danger » sur la Liste Rouge des espèces protégés pour les oiseaux nicheurs de France et à ce titre strictement protégée.
La Truite fario coule des jours tranquilles dans la Moselotte
La communauté de communes des Hautes Vosges dont le siège est à Gérardmer s’est engagée en 2010 dans un programme de restauration de cours d’eau sur quelque 45 kilomètres de la Moselotte et de ses affluents pour un montant de plus d’1,3 million d’euros avec le soutien de l’agence de l’eau Rhin-Meuse.
Son objectif : stopper la détérioration qualitative et quantitative des cours d’eau, retrouver un état écologique de qualité et lutter contre les espèces végétales invasives. 21 ouvrages hydrauliques, hors d’usage, ont été enlevés pour permettre au cours d’eau ne plus être entravé et pour reconnecter plusieurs tronçons entre eux.
Grâce à ces efforts, la qualité écologique est redevenue « bonne ». 4 années de travaux ont amené des résultats dont se satisfait pleinement la truite fario, espèce phare des cours d’eau de montagne et appréciant particulièrement une eau très oxygénée et froide.
Sur la Moselotte, les populations ont été multipliées par 2 en 4 ans.
Chabot, Vairon, Vandoise, Barbeau fluviatile et Ombre commun sont parmi les autres espèces que les pêcheurs peuvent désormais retrouver au bout de leur ligne. Mais nous tairons tous les endroits du bassin Rhin-Meuse où les poissons de 1ère catégorie retrouvent des couleurs suite aux efforts réalisés !
Le Desman des Pyrénées, petit mammifère et grands enjeux
Le Desman des Pyrénées, classé Vulnérable sur la liste rouge mondiale des mammifères de l’UICN (2008) et sur la liste rouge des mammifères de France métropolitaine (2017), est une espèce protégée, patrimoniale et hautement emblématique du massif des Pyrénées. Au vu de sa répartition géographique très restreinte, la France a un rôle majeur dans sa préservation à l’échelle mondiale.
L’écologie du Desman des Pyrénées demeurait encore peu connue il y a quelques années. Le Plan National d’Actions en faveur du Desman des Pyrénées (2010-2015) et le programme européen Life+ Desman (2014-2019) ont abouti à un apport considérable de connaissances sur ses préférences écologiques. Ces nouvelles connaissances ont permis de proposer des mesures de conservation, puis ont été mobilisées pour mettre en place un outil cartographique priorisant les zones à enjeux pour la préservation du Desman des Pyrénées.
Plusieurs outils opérationnels ont été produits pour systématiser la prise en compte de l’espèce dans la réalisation de tout projet d’activité, d’aménagement ou d’infrastructure :
- une synthèse de l’état des connaissances actuelles sur l’espèce,
- un outil cartographique d’alerte de définition des enjeux,
- un cahier des charges du protocole standardisé d’inventaire du Desman,
- une note de cadrage de la DREAL Occitanie et le logigramme associé,
- une formation annuelle à destination des bureaux d’étude et des maîtres d’ouvrage attribuant une attestation nominative de capacité à rechercher l’espèce conformément au protocole standardisé,
- une journée d’information des Directions départementales des territoires (DTT) pyrénéennes.
Ce travail a été coordonné par la DREAL Occitanie et le CEN Midi-Pyrénées et réalisé de manière collégiale avec les partenaires techniques du Life+ Desman, des services instructeurs, des bureaux d’étude et des laboratoires de recherche. Il a été validé par le Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel de Midi-Pyrénées et le Conseil National de Protection de la Nature.
Le Marathon de la biodiversité : 42 km de haies et 42 mares recréées dans le Beaujolais !
Favoriser les habitats des espèces connectées aux milieux aquatiques, leurs déplacements, leur reproduction et leur survie, dans l’eau et hors de l’eau : c’est l’objectif du Marathon de la biodiversité porté par la Communauté de Communes Saône-Beaujolais.
Concrètement ça correspond à 42 kilomètres de haies plantées en bordure de vignobles, de prairies et de la Saône et 42 mares restaurées ou créées pour ouvrir des corridors écologiques aux espèces autochtones, et ce à l’échelle du territoire intercommunal qui compte 35 communes.
C’est l’un des projets les plus importants soutenus par l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse dans le cadre de son appel à projets 2017 en faveur de la biodiversité, avec une subvention de 329 600€. La Communauté de Communes Saône-Beaujolais a déjà procédé à la plantation de 10 km de haies au sein des Espaces Naturels Sensibles du Val de Saône. Une vingtaine d’espèces autochtones a été ciblée pour bénéficier d’un maillage bocager aux multiples intérêts écologiques, climatiques, hydrauliques et épurateurs.
Autour de ce projet, la mobilisation de différents acteurs est de grande ampleur : les associations Arthropologia, la Ligue pour La Protection des Oiseaux du Rhône, la fédération départementale des chasseurs du Rhône et de la métropole de Lyon, France Nature Environnement Rhône, les viticulteurs et agriculteurs, les 35 communes du territoire, des associations locales …
Au cours de l’automne 2019 et de l’hiver 2020, saisons propices aux travaux de restauration de la biodiversité, ce sont 16 mares qui vont être restaurées et 6 créées. Une trentaine de chantiers de haies sont également programmés correspondant à un linéaire de près de vingt kilomètres de haies plantées.
L’importance des mares, réserves de biodiversité
Les mares font bien souvent partie du patrimoine historique de leur lieu d’implantation. Sur le territoire de la Communauté de Communes Saône-Beaujolais un grand nombre de ces points d’eau ont été créées par les agriculteurs. Les mares sont, ou étaient, utilisées comme points d’abreuvage pour le bétail, ou de réserve d’eau, notamment pour le maraîchage. Mais les mares abritent également un concentré de Biodiversité. Leur faible profondeur, permettant un réchauffement rapide et un apport important en lumière, favorise le développement d’une multitude d’espèces végétales.
Cette grande variété de végétation permet le développement d’une multitude d’espèces faunistiques, dont certaines, devenu particulièrement rare comme le Triton crêté ou le Sonneur à ventre jaune.
Les amphibiens ne sont pas les seules espèces dont la présence dépend de l’existence de ces points d’eau. De nombreuses autres espèces (libellules, punaise et coléoptères aquatiques….) ont besoin des mares pour se reproduire. Les mares sont également un lieu d’abreuvage important de la faune terrestre. Nombreux sont les oiseaux, mammifères et micromammifère à les utiliser.
Les scientifiques considèrent les mares comme des hot-spot de biodiversité, mais également comme des éléments essentiels aux connectivités entre les différents habitats d’eau douce. Enfin certaines mares en fonction de leur positionnement et de leur superficie jouent un rôle important dans l’épuration de l’eau et la régulation du ruissellement.
Une opération de réintroduction de mulettes perlières dans la Rouvre, affluent de l’Orne a été réalisée en octobre 2019 par le Centre permanent d’initiatives pour l’environnement (CPIE) Collines Normandes.
L’agence de l’eau Seine-Normandie co-finance ce projet qui participe au suivi et à l’amélioration de la qualité de l’eau. Les agriculteurs du bassin versant sont particulièrement impliqués car la mulette perlière ne peut survivre, se développer et enfin se reproduire que dans des conditions de très bonne qualité de l’eau, en particulier en nitrates et matières en suspension. Les agriculteurs du secteur sont ainsi engagés dans des mesures agro-environnementales et climatiques en faveur de l’herbe et un programme de restauration des haies sur le bassin versant est en cours.
Les mulettes, de précieuses coquilles révélatrices de la qualité des eaux
Jusqu’au début du XXème siècle, la grande mulette était très répandue dans tous les fleuves d’Europe de l’Ouest, mais aujourd’hui l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) la classe « en danger critique d’extinction ». Et pour cause : son aire de répartition a régressé de 90 % et il n’en reste que cinq populations dans le monde, dont quatre en France : dans la Vienne, la Charente, la Dronne et l’Adour. La quasi-disparition de l’esturgeon d’Europe, son poisson hôte favori, expliquerait le déclin de cette espèce qui peut vivre 100 voire 200 ans, comme la mulette perlière, alors que la longévité des autres bivalves d’eau douce ne dépasse pas quelques dizaines d’années.
La grande mulette et la mulette perlière sont des sujets d’étude en or pour les scientifiques, qui recherchent les polluants accumulés dans le calcaire de leurs coquilles : les stries d’accroissement des coquilles retiennent la variation des polluants au cours de la vie de l’individu.
L’exercice répété sur des coquilles plus anciennes raconte donc plusieurs siècles de l’histoire des rivières de France.
L'herbier de Posidonie, véritable poumon de la mer Méditerranée
La Méditerranée, une mer fragile et habitée à protéger !
Considérée comme un point chaud de biodiversité regroupant 18 % des espèces animales et végétales mondiales, la Méditerranée est une mer fragile et à protéger.
Aujourd’hui, les habitats marins côtiers sont bien connus. L’herbier de Posidonie et le coralligène présentent un bon état général exceptées les zones historiquement dégradées telles que le littoral des grandes agglomérations et les pôles industrialo-portuaires. La reconquête des herbiers de Posidonie s’observe même au droit des zones de rejets urbains de la calanque de Cortiou (Marseille) et de Cap Sicié (Toulon) grâce aux efforts d’amélioration du traitement des eaux usées.
Pour autant, on estime que 10 % de la surface des herbiers de Posidonie a disparu ces 100 dernières années. En cause notamment, l’augmentation des loisirs maritimes et plus particulièrement le mouillage des bateaux de plaisance en raison des ancres et des chaînes qui raclent les fonds marins.
La protection de l’herbier est une priorité, sous peine de disparition définitive de ce « poumon » de la mer qui produit de l’oxygène en grande quantité et abrite environ 20 % des espèces animales et végétales. Son maintien est essentiel car en empêchant l’érosion du littoral, l’herbier est un rempart contre les effets du changement climatique dans la zone côtière.
Zoom sur une action de préservation de l’herbier de posidonie
Le Parc national de Port-Cros (Var) a initié une action de préservation des herbiers de Posidonie au niveau de la passe de Bagaud, très fréquentée par les plaisanciers.
Dès 2020, le mouillage sera interdit sur les 175 hectares de la passe. Soutenu par l’agence de l’eau, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’Europe, le parc installera chaque année de mi-avril à mi-octobre une zone de mouillages et d’équipements légers comportant 65 bouées d’amarrage à ancrage écologique.
La ville d’Agde (Hérault) développe également les mouillages écologiques : une quarantaine de bouées délimitent une zone où bateaux et jets ne circulent que pour s’y amarrer et à moins de 5 nœuds. Cette zone a été définie à partir d’études de fréquentation et de suivis scientifiques.