Améliorer la connaissance des milieux pour protéger l’eau

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Entretien avec Bruno Fontan, PDG de la SCOP Aquabio.

“Les poissons, de par leur cycle de vie, reproduction - repos - alimentation, utilisent de nombreux compartiments de la rivière ou du plan d’eau dans lequel ils vivent. Leur santé, leur nombre et la présence de telle ou telle espèce dépend directement de la qualité des milieux aquatiques.”

Bruno Fontan

interview bruno fontan

Vous allez donc à la rencontre des poissons les pieds dans l’eau ?

Oui, en quelque sorte ! Plus clairement, nous sommes un bureau d’études expert en écologie aquatique. Au départ nous étions spécialisé dans les prélèvements et l’analyse des macro-invertébrés, aujourd’hui nos expertises ont bien grandi ! Nous étudions les populations de poissons et nous réalisons de nombreux autres prélèvements hydrobiologiques : macroinvertébrés, diatomées, macrophytes, phytoplancton… Nous les analysons pour évaluer l’état des milieux aquatiques. Nous conseillons également nos clients dans la gestion des milieux, les agences de l’eau, des collectivités, de grands groupes privés par exemple.

L’objectif de tous ces suivis est de surveiller la qualité écologique des milieux aquatiques et de vérifier si la France atteint les objectifs de bon état écologique fixés à l’échelle européenne. Nous travaillons notamment dans le cadre des appels d’offres passés par les Agences de l’Eau pour assurer le suivi de la qualité des différentes masses d’eau : rivière ou plan d’eau.

Si on s’intéresse aux poissons, que faîtes-vous et comment ?

Les poissons sont généralement au dernier stade de la chaîne alimentaire dans les milieux aquatiques, quand il n’y a pas de loutre ou de pêcheurs à la mouche ! Leur cycle de vie, reproduction – repos – nourriture, nécessite d’utiliser de nombreux compartiments de la rivière ou du plan d’eau, ils sont donc dépendant de la qualité de ces différents milieux.

De plus, la typologie, c’est-à-dire les espèces théoriquement attendues dans un milieu, est bien connue : pour faire simple, on trouve des truites en montagne et des brochets en plaine. L’étude des populations piscicoles permet de surveiller la qualité de l’eau puisque les perturbations vont provoquer un changement de populations.

Il existe plusieurs techniques pour étudier les populations piscicoles. En rivière nous pratiquons essentiellement la pêche électrique, qui a l’avantage de présenter une mortalité très faible, tout en assurant un échantillonnage presque complet. Nous avons d’ailleurs été le premier bureau d’études accrédité COFRAC pour ce type de prestation, en juillet 2019. Nous intervenons chaque année sur 300 à 400 rivières.

Et vos analyses ne s’arrêtent pas là ?

En effet, comme évoqué au début de notre échange, nous réalisons à présent tous types de de prélèvements hydrobiologiques : macroinvertébrés, diatomées, macrophytes, phytoplancton…

Nous développons également une forte expertise en hydromorphologie : l’étude de la dynamique physique des cours d’eau, écoulement de l’eau et des sédiments, interaction du cours d’eau avec sa vallée. Nous réalisons des mesures de débit (la quantité d’eau), et de nombreuses mesures physiques (largeur, profondeur, diamètre des sédiments, pente…). Nous décrivons tous les types d’écoulement de l’eau ainsi que les caractéristiques des rives, la présence d’arbres, etc.

Un cours d’eau est en constant renouvellement et échange directement avec son bassin versant, ce qui crée une grande diversité d’habitat, facteurs de biodiversité des espèces animales et végétales. Or, l’intervention humaine vient très souvent homogénéiser la morphologie (endiguement, creusement…) ce qui conduit à un effondrement non seulement de la biodiversité, mais aussi de la fonctionnalité des cours d’eau, c‘est à dire sa capacité à répondre aux différents usages. L’hydromorphologie permet de comprendre les dysfonctionnements d’un cours d’eau et d’être force de proposition pour les limiter.

Cela va avec ce qui nous anime, préserver la nature, la biodiversité et la qualité de l’eau.

Quelle est la motivation finale de votre action ?

Nous produisons et valorisons de très nombreuses données hydrobiologiques. Nous cherchons à améliorer la qualité des milieux aquatiques en éclairant les prises de décisions par la meilleure connaissance possible de leur état. Nous participons, à notre échelle, à la préservation et au développement des territoires. 

Depuis nos premiers pas en 1998, notre société à bien avancé. Nous sommes devenue une coopérative en 2007 sous forme de SCOP. Cela nous a permis de poursuivre notre développement tout en conservant des valeurs éthiques fortes : une société où la propriété est collective, où l’humanisme, la solidarité et le respect de l’environnement sont des fondamentaux.

L’innovation et la qualité sont également au coeur de notre cheminement. Nous avons fait le choix historique de l’accréditation de nos process par le COFRAC, organisme indépendant. 

Nous sommes toujours en recherche et développement de techniques innovantes. L’idée est aussi de faire avancer le secteur, pour le bien des milieux aquatiques.

prélevements d'eau

Photos © Aquabio

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