De Châtellerault à Kaya au Burkina Faso

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La Ville et l’agglomération Grand Châtellerault s’engagent pour l’eau dans le monde avec le soutien de l’agence de l’eau Loire Bretagne. À travers la Loi Oudin, chaque année elles accordent un budget d’environ 20 000 € à la solidarité internationale pour ces questions. Elles mènent notamment une action de coopération au Burkina Faso, avec la ville de Kaya dans le Sahel.

3 questions à Jacques Raynaud

Chargé de mission relations internationales, Ville de Châtellerault.

 

Quelle est l’origine de l’engagement de la ville de Châtellerault pour l’accès à l’eau ?

« Depuis 1976, il existe un jumelage solidaire entre Châtellerault et Kaya. 1976, c’est l’année de la première grande catastrophe naturelle dans le Sahel qui a eu un rayonnement international, une grande sécheresse qui fut médiatisée. L’opinion publique prenait alors conscience de la pauvreté de certains pays du sud et de leurs difficultés notamment en matière d’accès à l’eau. Je m’en souviens très bien car je me suis rendu sur place pour participer à la plantation d’arbres.

Depuis, la question de l’accès à l’eau a toujours été présente. Dans tous les projets menés avec le Burkina Faso on retrouve la dimension d’accès à l’eau et à l’assainissement, lors de l’installation d’écoles par exemple. Nous avons conscience que la question de l’eau est prégnante pour le Sahel et que notre action est importante voire indispensable pour cette zone fragile.

On s’est attaqué véritablement à la question de l’eau il y a 10 ans, depuis on ne lâche pas, les besoins sont pharaoniques… En 2010, les collectivités Burkinabés ont récupéré la compétence de la gestion de l’eau. Elles se sont tournées vers leurs partenaires européens, notamment français, pour apprendre à la gérer. Avec d’autres communes françaises, nous avons mis en place une coopération institutionnelle pour répondre aux besoins. La première démarche a été de répondre aux enjeux de base : Ça veut dire quoi avoir la compétence de l’eau ? Quels sont les besoins des habitants ? Comment une commune peut-elle prendre les choses en main ? Dès 2010, la commune allemande d’Herzogenaurach (Bavière) et le syndicat mixte Eaux de Vienne se sont engagés avec nous pour mettre en oeuvre de manière cohérente ce nouveau service à la population.

Depuis 2011 nous utilisons le dispositif de la Loi Oudin. Ce dernier permet véritablement d’agir pour l’eau et repositionne la France comme un acteur du développement international. En 2014 nous avons tissé un partenariat avec l’agence de l’eau Loire Bretagne pour financer des opérations de mise en œuvre d’infrastructures liées à l’eau sur place.

Le projet à Kaya privilégie un accompagnement durable, une action en profondeur qui vise à pérenniser l’accès à l’eau et à l’assainissement et la gestion locale de l’eau. »

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Quel est le souvenir le plus marquant de cet engagement ?

« Il y a un moment fort qui, je pense, a permis d’illustrer la finalité de la loi Oudin. En 2012, lors du Forum mondial de l’eau qui se tenait à Marseille, Châtellerault s’est retrouvée à la tribune de l’ONU. C’est comme si d’un seul coup la parole n’était plus aux grands experts mais a des personnes qui essaient d’agir a un échelon local, sur un projet concret. Prôner le local à la tribune de l’ONU, c’était fort. C’est ce que l’on veut mettre en avant, il faut que l’eau soit gérée localement, avec les acteurs locaux, c’est le bon échelon pour que les populations concernées prennent part à la gestion et à la préservation de cette ressource. »

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Quels sont les bénéfices de vos actions, sur place et ici ?

« Accéder à l’eau potable et à l’assainissement ça change profondément la vie des populations. Particulièrement celle des mamans et des jeunes filles qui peuvent aller à l’école plutôt que de faire des kilomètres pour aller chercher de l’eau. Les bébés meurent moins de diarrhée, l’espérance de vie globale progresse.

En France les partenaires techniques et financier travaillent ensemble : l’agence de l’eau Loire Bretagne, le syndicat Eaux de Vienne, etc. Nous cherchons aussi à ouvrir le dialogue citoyen sur cette ressource essentielle. Parler de l’accès à l’eau à Kaya ça fait réfléchir sur nos propres usages, ça nous renvoie à notre regard sur la ressource en eau et à la façon dont nous la gérons. On a beaucoup de choses à partager avec les personnes qui vivent au cœur du Sahel et on a tout à y gagner en partageant nos expériences de vie !

Plus généralement, améliorer les conditions de vie des autres a du sens. La solidarité ça existe, il faut la mettre en place localement mais elle ne s’arrête pas aux portes de la ville ni aux frontières d’un pays… Est-ce que la population française a un intérêt à ce que la population d’ailleurs ait un accès à l’eau potable ? Je pense que oui. Le bien-être des populations dans le monde influence l’émigration, le terrorisme et toutes les questions géopolitiques sensibles. Et c’est toute la question du développement durable qui est en jeu, nous n’avons pas vraiment le choix il faut agir, la planète nous la partageons et ses ressources sont limitées.

L’eau est un bien qui a un statut très particulier, un bien fondamental et commun. Le nuage qui nous amène la pluie peut être passé par le golfe de Guinée ou ailleurs avant la France… Au final, si on prend conscience du cycle de l’eau, c’est la même eau partout dans le monde. »

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