La métropole de Toulouse s’engage pour l’eau dans le monde avec le soutien de l’agence de l’eau Adour-Garonne.
À travers la Loi Oudin, elle accorde un budget d’environ 200 000 € par an à la solidarité internationale autour de l’eau. Dans ce cadre, elle mène notamment une action de coopération au Sénégal, avec la commune de Saint-Louis et l’ONAS (Office national de l’assainissement du Sénégal).
3 questions à Nicole Miquel-Belaud
Conseillère Municipale à la mairie de Toulouse, déléguée aux actions humanitaires à l’international.
Quelle est l’origine de l’engagement de la métropole de Toulouse pour l’accès à l’eau ?
« L’engagement de la métropole de Toulouse pour l’eau dans le monde est directement lié aux objectifs de développement durable fixés par l’ONU à horizon 2030. Le rôle des collectivités territoriales est essentiel pour atteindre ces objectifs ! La loi Oudin de 2005 offre un cadre qui permet cet engagement sans impacter financièrement la vie des toulousains, nous avons donc logiquement décidé d’agir avec nos partenaires, dont l’Agence de l’eau Adour Garonne. Si toutes les collectivités pouvaient mettre en place la loi Oudin, nous pourrions résoudre une partie de la problématique de l’eau à l’échelle mondiale plus efficacement.
Aujourd’hui nous agissons au Sénégal, en Palestine et au Maroc. Notre coopération avec le Sénégal est, à ce jour, la plus avancée. Il faut dire qu’entre Saint-Louis et Toulouse il existe une très belle histoire dont le point de départ est historique : la naissance de l’aéropostale suite au premier vol entre Toulouse et Saint-Louis dans les années 30. Antoine de Saint-Exupéry, l’écrivain et aviateur, a volé entre ces deux villes…
La coopération autour de l’eau est venue après bien entendu, elle est aujourd’hui très riche ! Nous souhaitons aider la population à vivre mieux, chez elle. Ça fait partie de notre responsabilité. Pour cela, l’accès à l’eau et à de bonnes conditions d’hygiène est essentiel. Sur place, avec nos partenaires français et locaux, nous créons des réseaux d’assainissement, relions les maisons, les quartiers et les écoles à ces réseaux et nous rénovons ou installons des latrines dans les écoles. »
Quel est le souvenir le plus marquant de cet engagement ?
« Nous étions justement à Saint-Louis en janvier dernier. Nous nous sommes rendus dans une école dans laquelle nous avions rénové les latrines. Ce souvenir est incroyable… À peine arrivés, une centaine d’enfant est venu nous entourer, de façon totalement désordonnée, en criant : « Merci ! Merci ! Merci ! Merci ! … ». L’un d’entre eux à lancé un « Beaucoup ! » et les crient se sont poursuivis de plus belle « Merci ! Beaucoup ! Merci ! Merci ! Beaucoup ! Beaucoup ! ». Cette spontanéité, tous ces enfants… c’était très impressionnant, ces émotions sont tout simplement incroyables.
Nous nous rendons souvent sur le terrain, il n’y a que comme ça que l’on peut voir la réalité des conditions locales, comprendre les besoins des populations et voir l’impact des actions menées. Le contact humain est essentiel dans la solidarité internationale, et on en revient humainement plus riche, à chaque fois. Au delà de l’humain, le plus important c’est aussi la co-construction. Quand nous ne sommes pas sur place, nous faisons un skype avec nos partenaires de Saint-Louis tous les 15 jours pour véritablement co-construire. Lorsqu’il y a une difficulté, on en parle, on échange et on co-construit la solution adaptée. On avance ensemble. »
Quels sont les bénéfices de vos actions, sur place et ici ?
« Le bénéfice sur place, c’est l’amélioration des conditions de vie des populations. Permettre à chacun de bien vivre chez soi permet aussi de diminuer le nombre de personnes qui perdent la vie en Méditerranée… Créer de meilleures conditions dans les écoles permet aussi de préserver la santé des enfants, de faire baisser l’absentéisme, de leur permettre d’accéder à l’éducation dans des conditions plus normales.
Il y a, notamment en Afrique du côté du Sénégal, une jeune génération qui a envie d’agir, de faire évoluer les conditions de vie, de s’engager pour relancer l’agriculture par exemple. C’est une très belle génération, porteuse d’idées et de très beaux projets, on a forcément envie de les aider, de faire avancer le monde avec eux.
Ici, la richesse de cet engagement est présente à plusieurs niveaux. De nombreuses actions prennent vie en parallèle de ce partenariat. Du côté de l’université notamment : échanges de professeurs, accueil de stagiaire, développement de partenariats autour de compétences utiles aux deux pays, l’agroforesterie par exemple. Culturellement, les échanges ne manquent pas. Récemment par exemple, une exposition photo autour de l’eau réalisée par un photographe toulousain a passé un peu de temps à Saint-Louis.
Et surtout, les actions en faveur de l’eau sont bénéfiques pour tout le monde. L’eau c’est la vie, je ne sais pas comment expliquer cela autrement. On sait tous qu’il va y avoir une rareté de cette ressource et que cela va générer des conflits et de nombreux problèmes. Il faut absolument que tout le monde puisse avoir accès à l’eau et à l’assainissement. Il faut agir maintenant. »