La commune de Cherbourg-en-Cotentin s’engage pour l’eau dans le monde avec le soutien de l’agence de l’eau Seine-Normandie. À travers la Loi Oudin, elle accorde un budget d’environ 40 000 € par an à la solidarité internationale autour de l’eau. Elle mène une action de coopération avec le Sénégal en Casamance. La communauté d’agglomération le Cotentin, créée en 2016, prend le relai sur cette coopération internationale et plus globalement sur la compétence eau et assainissement.
3 questions à Florence Le Monnyer
Maire-Adjointe de Cherbourg-en-Cotentin, en charge du cycle de l’eau et du projet eau en Casamance au Sénégal.
Quelle est l’origine de l’engagement de la ville de Cherbourg-en-Cotentin pour l’accès à l’eau ?
« La relation de Cherbourg-en-Cotentin avec la Casamance est née il y a environ 20 ans par le biais de la diaspora sénégalaise présente à Octeville. Au départ les projets mis en place ne concernaient pas forcément l’eau. La relation culturelle nous a fait prendre conscience que la question de l’eau était essentielle : Il faut agir sur l’eau en priorité afin de permettre aux populations de vivre dans leur village.
Pour cela nous menons un projet d’adduction d’eau potable permettant d’amener l’eau depuis sa source jusqu’à l’habitation à travers un réseau d’ouvrages vers les différents villages. Techniquement, l’interconnexion du réseau est une innovation majeure pour cette région, permettant de limiter les interruptions de services. En cas de panne, les usagers ont toujours accès à l’eau grâce à la connexion aux autres réseaux. Nous créons un réseau interconnecté entre 4 communes, la mission sera finalisée cette année.
En Casamance, il y a aussi une problématique de salinité des eaux et des sols. L’eau de la mer remonte dans le fleuve apportant cette salinité qui n’est pas compatible avec la culture du riz très présente dans la région. L’ONG italienne ACRA avec qui nous travaillons déjà sur le terrain, a répondu à un appel à projet de l’État du Sénégal visant à développer la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE). Nous avons participé à ce projet à travers la réalisation d’un diagnostic de départ sur la qualité de l’eau. Le changement climatique et la question de la montée des eaux vont amplifier cette salinité. D’où le grand intérêt d’être en appui sur ce projet d’avenir. »
Quel est le souvenir le plus marquant de cet engagement ?
« Un projet me tient particulièrement à cœur. En travaillant sur l’accès à l’eau, nous avons accompagné la mise en place d’un laboratoire d’analyse d’eau sur place, au sein de l’université de Ziguinchor qui possède un département de chimie. Avant l’existence de ce laboratoire il fallait envoyer les prélèvements d’eau pour analyse à Dakar, il était difficile d’avoir des analyses fiables.
Le laboratoire a été inauguré en 2013. Depuis les étudiants peuvent y faire des stages et les analyses d’eau de toute la région sont facilitées. On peut ainsi avoir un regard sur la qualité de l’eau en général : l’eau potable, les milieux agricoles et plus largement l’état des milieux naturels. Ce laboratoire permet de mener des projets tournés vers l’avenir, à l’image de la volonté de mise en place de la GIRE. »
Quels sont les bénéfices de vos actions : sur place et ici ?
« La Casamance est une zone très rurale. Faire en sorte que les habitants aient de l’eau au robinet est une grande avancée qui transforme leur vie quotidienne. Particulièrement celle des femmes et des filles qui peuvent aller à l’école plutôt que de faire des kilomètres pour aller chercher de l’eau. Sur place elles nous remercient très sincèrement, on sent toute l’importance de cette avancée.
Des entreprises sénégalaise ont pu se développer grâce à cette action (terrassement, installation de réseaux, etc.), elles ont pu acquérir de l’expérience et du savoir-faire. Cela participe au développement local également.
Notre soutien n’est pas uniquement financier. Il y a une réelle participation technique. Notre équipe technique réalise du conseil à distance et des missions sur place. Pour nos agents, la transmission de savoir-faire et les échanges humains sont très riches que ce soit en coopération avec les ONG, les populations ou les acteurs locaux. »
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